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« Tu n’y vois que du bleu ! »
jeudi 4 janvier 2018
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En d’autres termes : imbécile, crédule et naïf, tu te laisses berner et ne t’aperçois de rien ! « Pendant ce temps-là, il te tond jusqu’au sang, il t’emberlificote dans ses grandes pesées, il t’achète de l’os de travail au prix de l’os gras, t’y vois que du bleu, et, par-dessus le marché, il fait, à l’œil, un lardon à ta fille… ». Voilà comment agit le sinistre personnage, la « racaille » du roman du même nom (1928) de Nonce Casanova.

Et moi, à lire cette expression idiomatique, je vois rouge ! Voilà donc la couleur préférée des Occidentaux associée de façon fort peu sympathique à la crédulité et à la tromperie !

Certes la couleur de la personne grugée, du benêt de mari, du cocu des vaudevilles, reste le jaune, le jaune aussi du trompeur, de l’infidèle, du traître et de l’infâme, le jaune de Judas ou de Ganelon, le félon jaloux de la chanson de Roland. Mais je suis fort chagrinée que la duperie puisse être même associée au bleu.

Pourquoi ? Est-ce à cause de la bibliothèque bleue qui rassemblait des récits naïfs, peuplés d’êtres fantastiques, revenants et sorcières, sous une couverture de cette couleur ? Et quelle influence a exercée dans cette connotation négative du bleu l’expression voisine « n’y voir que du feu » ?

Je laisse les linguistes discuter de ces questions ; et puisqu’heureusement je joue sur plusieurs langues pour développer mon imaginaire, je peux m’appuyer sur d’autres expressions et d’autres images : elles me permettront de conserver toute l’aura positive de la couleur royale et mariale : « Not to smell a rat » pourrait être un équivalent anglais, littéralement « ne pas sentir l’odeur du rat ». « Keinen Dunst davon haben » pourraient répondre les Allemands, littéralement « ne pas en avoir la moindre brume / la moindre vapeur ». Voilà donc plutôt l’image de cauchemar en noir et blanc que va faire naître en moi la duperie, celle d’un vilain rat noir sous la brume …

La voie est ouverte à de riches comparaisons linguistiques, et je me réjouis que nos lecteurs espagnols, italiens, portugais, roumains -la liste des langues n’est bien sûr pas limitative- nous offrent bientôt d’autres expressions qui permettront d’enrichir ce billet coloré, et notre imaginaire.


Chantal Richard, association Paysage et patrimoine sans frontière, Saint-Germain-en-Laye, FR

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