Les Nymphéas de Claude Monet au Musée de l’Orangerie offrent une immersion totale et physique dans la couleur bleue : ce peintre voulait que chacun déambule dans sa peinture, à travers des teintes palpitantes changeant au fil de la marche, « dans un tout sans fin, une onde sans horizon et sans rivage ». Dans ce continuum coloré, nous sommes saisis par l’infiniment nuancé des reflets de ciels dans le Bassin aux Nymphéas, et surtout celui de l’ « heure bleue », instant fugitif où le bleu émerge sourdement de l’eau, se répand jusqu’au ciel et se fige à l’horizon comme une longue incision violacée.

C’est une autre expérience de l’infini du bleu que nous proposons à nos apprenants en visitant les œuvres d’ Yves Klein au Centre Pompidou, des Cosmogonies aux Arbres éponges : à la frontière de la peinture, de la sculpture et de l’installation, ces œuvres saisissent, dans l’épaisseur de leur matière monochrome, la teinte mordante de l’ International Klein Blue, un bleu outremer particulier, lumineux, très saturé. « La "bleuité" du bleu est sans dimension », écrivait Yves Klein, en découvrant les fresques peintes par Giotto à Assisi et à Padova.

L’infini du ciel a toujours été son vrai projet artistique. « C’est, allongé sur une plage que, adolescent à Nice, j’avais, en contemplant le ciel pur et sans nuages d’un été torride, décidé d’aller signer de mon nom au dos de mon premier et plus grand monochrome. »

Aline Rutily Association Paysage et patrimoine sans frontière, Saint-Germain-en-Laye, France