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14. 16 février 2011.Ravenna. Italie. La couleur bleue : partie intégrante de l’orfèvrerie
vendredi 5 août 2011
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Le chromatisme a toujours été un élément de premier plan dans la création et le projet d’un bijou depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Qu’il soit un bijou pour l’aristocratie, pour la bourgeoisie la plus riche, qu’il soit une œuvre populaire de peu de prix, le bijou a toujours exhorté l’homme qui le créait, l’orfèvre qui le réalisait, à le colorier. Dans l’univers actuel de la mode, qui a toujours vu le bijou comme un accessoire du vêtement, la couleur de l’ornement doit être en syntonie avec le style et le tissu du vêtement que le styliste a pensé pour la femme.

Pour les artistes qui ont affronté l’aventure du bijou en Italie, la couleur a toujours été considérée comme un élément utile à la recherche et à l’expérimentation. Cette couleur doit rentrer dans les canons du langage articulé et complexe, propre à tout artiste peintre ou sculpteur. Certes le bleu est une couleur primaire qui est particulièrement intense, qui a une force et une présence dominantes, difficiles à contrôler et à utiliser dans l’orfèvrerie.

Quelques exemples significatifs de bijoux d’artistes sont ceux de Meret Oppenheim dans un collier de 1977 intitulé « Tête du Poète » en or et émaux vitreux avec une prédominance du bleu pour souligner le visage et mettre en évidence les grands yeux bleu foncés.
A partir d’un très beau projet, d’un dessin de Sonia Delaunay de 1923 pour un collier important « Rythme sans fin », qui a été réalisé en 1978 par Edizioni Gem Montebello di Milano, on a créé un pendentif - broche, de forme géométrique, qui joue sur des colorations bleues données par l’émail miniaturé.

Un autre artiste remarquable, le sculpteur italien Giuseppe Uncini, récemment disparu, s’est aventuré dans la bijouterie en cherchant de rester lié à la tradition, qui a toujours élu comme représentant du bleu, le saphir, la pierre précieuse qui fait partie de la triade des minéraux les plus chers (diamant, émeraude et rubis) (1). Dans une broche de 1964 et dans un collier de 1968, les saphirs à facettes sont incrustés dans un treillis dense, filiforme, construit en or, typique des sculptures de grande dimension réalisées par l’artiste en fer et en ciment.
Nombreuses sont les expériences d’orfèvrerie que des architectes et designers italiens ont effectuées sur le plan chromatique, mais peu sur le bleu.

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Le projet européen que notre Académie des beaux Arts a entrepris en soulignant particulièrement la présence du bleu dans les pierres de couleur, m’a donné un motif en plus pour montrer combien dans mon travail de bijoutier, qui est en étroite relation avec la sculpture, une pierre dure extraordinaire comme le lapis-lazuli fait partie de l’imaginaire et de la création de l’œuvre-bijou.
Le lapis-lazuli est un minéral composé de lazurite, sodalite, calcite et pyrite. Il a une densité de 2,70 - 2,90 et une dureté, résistance selon l’échelle de Mohs de 5 -5,5. (2) Il est très surprenant d’observer dans sa coloration des traces couleur or, provenant de la pyrite. On l’appelle le bleu pointillé d’or. J’ai toujours utilisé le lapis-lazuli comme partie intégrante du bijou, soit comme masse chromatique en dialogue avec l’or, parfois avec l’acier ou l’or blanc, soit comme élément plastique. Ainsi le lapis-lazuli intervient dans le bijou comme le marbre dans la sculpture de moyenne et grande dimension. Il y a seulement une différence dans l’échelle, mais l’idée créatrice, le système de la composition et de la structure sont les mêmes.

JPEGD’autres expériences en bleu dans mon langage doré ont été réalisées grâce à l’émail à vive flamme, atteignant une température de 850 degrés et créant des surfaces très denses de petits grains plutôt intenses et sombres. Le résultat est un bleu nuit.
Récemment le bleu apparaît dans des bijoux composés de pierres précieuses comme l’or et l’argent, mais aussi avec des pierres plus pauvres comme le cuivre, le laiton, à travers la peinture à l’huile. L’idée est justement d’unir la peinture et la sculpture dans l’orfèvrerie.

Le bijou peint à l’huile, avec la couleur bleu pour créer des contrastes chromatiques inouïs, pour donner aux surfaces une sensation de matière et une impression vivante, est une des dernières recherches et études que j’affronte.

- Notes :

1) Saphir : varieté bleue de corindon, est un oxyde d’aluminium cristallisé dans le système trigone des cristaux prismatiques pseudo hexagonaux.
La couleur est due à la présence de fer et de titane. Le saphir est en général transparent, mais peut avoir une variété étoilée, déterminée par la présence d’inclusions réfléchissantes, définies comme « astrisme ».
Les gisements les plus importants sont situés en Thailande, au Sri Lanka, au Pakistan, en Australie.

2) Lapis-lazuli : fait partie du groupe des minéraux de la sodalite. La cristallisation a un système monométrique, sa composition chimique est donnée par un silicate complexe de aluminium et sodium : 3NaA1SiO. NaS. Indice de réfraction : 1,50.
C’est le quatrième minéral du groupe de la sodalite, pierre précieuse bien connue et utilisée dans l’Antiquité, surtout en Perse.
Les cristaux évidents (lazurite) sont extrêmement rares, mais ils sont présents en masses compactes impures et mêlées à d’autres minéraux, y compris ceux du même groupe.
Il a une coloration bleu azur, outremer. Il provient exclusivement de la Russie, de l’Afghanistan et du Chili.

JPEGUn exemple extraordinaire d’une œuvre d’orfèvrerie de lapis-lazuli, utilisée comme un objet personnel, est le « Vase en Lapis-lazuli », composé entièrement avec ce minéral bleu, modelé et créé par Bernardo Buontalenti en 1583 à Florence pour la Cour des Médicis (Collection du Musée degli Argenti du Palazzo Pitti à Florence). Ceci montre la versalité de ce minéral incroyable, qui dans l’idéation de l’homme à travers les siècles et dans le temps a toujours été utilisé pour différentes applications et usages variés.

Article rédigé par Alberto Zorzi.

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